samedi 21 avril 2007

Mort dans l'indifférence


Luc Plancke, 53 ans, est le SDF le plus connu de Molenbeek. "Il ne faisait pas la manche, il cherchait juste un endroit pour dormir", nous explique Véronique, sa filleule. "Il est mort dans l'indifférence la plus totale. Pourtant, nous avons tout fait pour le sortir de là. Mais la commune n'a rien voulu entendre". Luc a été pris dans une spirale infernale. Son corps sans vie a été retrouvé, lundi, sur un banc. Son banc.

Luc Plancke a travaillé pendant près de 25 ans chez Renova Bulex. "Pris de crise d'épilepsie à répétition, il a dû arrêter de travailler. La machine s'est détraquée. Il a tout fait pour être régularisé par la mutuelle puisqu'il était malade. La mutuelle a refusé." Luc qui avait cotisé toute sa vie s'est vu refuser de l'aide lorsqu'il en avait besoin...

Et le chômage ? "Hélas, il ne rentrait pas dans le moule du chômeur qui savait aller pointer tous les jours, comme le voulait la règle à l'époque. Sa maladie l'en empêchait".

Sans travail, sans revenu, ne pouvant bénéficier ni du chômage, ni de la mutuelle, Luc s'est retrouvé rapidement à la rue. "Il a été hébergé un temps par sa famille, mais il avait sa fierté."

Voyant Luc, si combattant, dépérir, le mari de Véronique a tout fait pour l'aider. "Je suis allé à la commune, j'ai vu les responsables qui pouvaient l'aider. Il y avait toujours des promesses, mais aucune décision". Et Luc est resté à la rue. Des années. Il était facile à reconnaître. Il se trouvait près du commissariat, à quelques pas de la sortie du métro Comte de Flandre.

"Une spirale... sans adresse, il ne pouvait pas avoir de subsides, pas de mutuelle et donc pas de médicaments pour sa maladie". Lorsqu'il faisait des crises d'épilepsie, au moins une fois par semaine, il était transporté à l'hôpital. "Demandez à St-Pierre, ils doivent bien le connaître là". Il y était soigné mais... "Ensuite, il était remis dehors. Les soins étaient gratuits mais les médicaments à la pharmacie pas évidemment". Un cercle infernal.

"Ne sachant vraiment plus quoi faire, j'en ai parlé à mon médecin traitant. Vous savez ce qu'il m'a dit... que je devais contacter Médecins sans Frontières !" Un comble pour un homme qui a travaillé toute sa vie.

Ne demandant jamais un sou, attendant simplement que les jours passent, Luc avait réussi à attirer la sympathie des riverains, des passants et même des policiers qui l'hébergeaient volontiers. Une main tendue par des anonymes, dommage que les autorités n'aient pas fait de même !

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