samedi 31 mai 2008

Elisabeth, 12 ans, violée par dix Casques bleus en Côte d'Ivoire

Les abus sexuels commis par les soldats de l'ONU et les travailleurs humanitaires restent impunis. Une ONG dénonce. Et appelle la communauté internationale à agir enfin.

«Ils m'ont attrapée, jetée à terre, violée l'un après l'autre. Je voulais m'enfuir, mais ils étaient dix. J'étais terrifiée. Quand ils ont terminé, ils m'ont abandonnée là, baignant dans mon sang...» Elisabeth* n'avait que 12 ans, en juin dernier, lorsque son chemin a croisé celui des Casques bleus pakistanais. Pour son plus grand malheur. Les soldats de l'ONU effectuaient une mission de «maintien de la paix» en Côte d'Ivoire. Dans le village de la fillette, on affirme que les militaires n'ont jamais été inquiétés.

Le récit bouleversant d'Elisabeth n'est qu'un des trop nombreux témoignages recueillis par l'ONG britannique Save The Children au cours des douze derniers mois. A en croire le rapport publié hier, des abus sexuels sont commis régulièrement par des Casques bleus, mais aussi par des travailleurs humanitaires.

Il ne s'agit pas toujours de viols. Affamés, des enfants sont contraints de vendre des faveurs sexuelles contre de la nourriture ou du savon dans des zones dévastées par la guerre ou des catastrophes naturelles. Surtout en Côte d'Ivoire et en Haïti. Les petites victimes ont parfois à peine 6 ans! «Notre enquête met au jour les actes ignobles d'un petit nombre de personnes qui abusent les enfants les plus vulnérables au monde, qu'ils sont supposés protéger», dénonce à Londres la directrice de Save The Children, Jasmine Whitbread. L'ONG affirme qu'on trouve de tels «prédateurs» dans toutes les organisations.
L'Afrique à vendre?

Elle estime que les politiques de «tolérance zéro» n'ont pas été traduites sur le terrain. L'impunité serait totale. C'est pourquoi Save The Children appelle d'urgence les acteurs internationaux à faciliter le dépôt de plaintes, afin de pouvoir sanctionner sévèrement les coupables et apporter un soutien aux victimes...

«Déposer plainte? Mais la plupart des victimes ne le feront jamais! Les abuseurs sont ceux dont elles dépendent pour se nourrir», objecte un humanitaire onusien sous le couvert de l'anonymat. «La vérité, c'est qu'il faut être extrêmement solide pour faire ce boulot. Vous n'imaginez pas comme la tentation est forte. Le continent noir est si vulnérable... Toute l'Afrique est à vendre! Dans les zones d'intervention internationale, les gens sont traumatisés. Les pires abus sont commis à l'intérieur même des familles et des communautés. Il n'y a plus ni bien ni mal. Alors si les Casques bleus n'ont pas une sérieuse formation aux droits de l'homme, s'ils n'ont pas été choisis pour leur droiture, s'ils ne sont pas régulièrement envoyés en «décompression» dans une grande ville où ils peuvent accéder à la prostitution «légale», alors certains succombent à leurs pires fantasmes.»

«Quant aux humanitaires, ne les croyez pas à l'abri de leurs pulsions!» poursuit notre interlocuteur. «Les internationaux gagnent 15 à 20 fois plus que leurs collègues locaux, qui comptent pour 90% des employés. Ceux-ci sont recrutés au sein de cette population traumatisée. Ils sont engagés sur des contrats de courte durée. L'avenir n'est jamais assuré. Pour beaucoup, la motivation humanitaire est secondaire, la corruption banalisée et le vice à portée de main. Voilà les problèmes à résoudre. Il serait temps de les affronter.»

Elisabeth est un prénom d'emprunt

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lundi 5 mai 2008

Pas prioritaire aux urgences, elle décède

Jean-François Rémond veut comprendre. Il veut savoir pourquoi sa mère, âgée de 87 ans, est restée pendant cinq heures aux urgences de l'hôpital de Lannion avant d'être examinée par un médecin. Peut-être trop tard, malheureusement : l'octogénaire est décédée le lendemain soir.

Le 6 mars dernier, Simone Rémond est conduite par sa fille aux urgences. Son médecin traitant vient de détecter un début d'oedème pulmonaire et lui remet une lettre, demandant qu'elle soit prise en charge immédiatement. Il est 18 h quand elle se présente dans le service. « On l'a installée dans un couloir sur une chaise et on a exigé le départ de ma soeur. Ma mère est restée seule, se plaignant de fortes douleurs dorsales, sans qu'aucun traitement ne lui soit prodigué », explique son fils, outré qu'on ait pu lui dire qu'elle « n'était pas prioritaire ».

« Une faute a été commise »

Il faut attendre 23 h pour qu'elle soit examinée par un médecin. Alors qu'il aurait fallu lui appliquer « un traitement immédiat à base d'oxygène dès son arrivée à l'hôpital », comme le reconnaîtra plus tard, devant la famille, le Dr Lemée, chef de service. Pour lui, ce retard est bien à l'origine de « l'aggravation de son état de santé dans les heures suivantes ». L'octogénaire décédera le lendemain soir.

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