lundi 16 avril 2007

Guantanamo


Le père d'un Pakistanais détenu à Guantanamo a affirmé que son fils, Majid Khan, a été torturé par des Américains durant son interrogatoire après sa capture au Pakistan, ont affirmé lundi ses avocats.
Un tribunal militaire d'exception a examiné ce week-end au cours d'une audience à huis clos sur la base américaine de Guantanamo (Cuba) le cas de ce Pakistanais qui résidait à Baltimore (Maryland, est). Cette audience visait à examiner son statut d'"ennemi combattant", a précisé un porte-parole du Pentagone.

Selon le ministère de la Défense, Majid Khan aurait été recruté par le "cerveau" du 11-Septembre Khaled Cheikh Mohammed, pour préparer d'autres attentats aux Etats-Unis.

Selon le Centre pour les droits constitutionnels (CCR), un groupe de défense des prisonniers de Guantanamo, le père du prisonnier, Ali Khan a remis au tribunal une déclaration écrite décrivant dans le détail les tortures dont son fils aurait été la victime. Majid Khan aurait été battu, frappé au visage, privé de sommeil. Quand il n'était pas interrogé, le prisonnier était placé dans une cellule sans lumière, trop petite pour qu'il puisse s'allonger ou s'asseoir sans avoir les jambes repliées.

Ces tortures ont cessé après que Majid Khan a accepté de signer un texte qu'il n'a pas eu le droit de lire.

Dans un rapport publié en mars, Amnesty International affirmait que Majid Khan, âgé de 26 ans et père d'un enfant, faisait partie, jusqu'à son transfert à Guantanamo en septembre 2006, des 14 personnes détenues dans un lieu secret sous le contrôle de la CIA.

Ayant émigré aux Etats-Unis avec sa famille en 1996, il a vécu et travaillé à Baltimore et a obtenu le droit d'asile aux Etats-Unis en 1998. En février 2002, Majid Khan est retourné au Pakistan avec son frère pour se marier. En mars 2002, après son mariage, il est revenu à Baltimore où il a séjourné jusqu'à son retour au Pakistan plus tard dans l'année.

Dans la nuit du 5 mars 2003, des responsables des services de sécurité pakistanais ont fait irruption au domicile de son frère à Karachi et ont arrêté Majid Khan, son frère Muhammad Khan, sa belle-soeur et leur bébé. Ils les ont attachés et leur ont bandé les yeux avant de les emmener dans un endroit inconnu, a affirmé Amnesty.

La belle-soeur de Majid Khan et son enfant ont été libérés une semaine plus tard et son frère au bout d'un mois environ. Les responsables pakistanais ont refusé d'indiquer à la famille de Majid Khan où il était détenu et les raisons de sa détention. Les proches de Majid Khan aux Etats-Unis n'ont pas pu savoir eux non plus où il se trouvait et s'il était encore vivant, jusqu'à l'annonce de son transfert à Guantanamo.

Dans une lettre envoyée à son épouse depuis Guantanamo, il lui aurait dit, selon Amnesty, de ne pas trop compter sur son retour. L'armée américaine a censuré en grande partie cette lettre, mais Majid Khan aurait écrit qu'il était maintenu à l'isolement, qu'il était autorisé à sortir de sa cellule uniquement une heure par jour et qu'il pouvait parler occasionnellement à d'autres détenus à travers les cloisons de sa cellule.

Selon le président George W. Bush, Majid Khan et les 13 autres détenus transférés à Guantanamo en septembre 2006 sont "des hommes dangereux qui ont une connaissance sans équivalent des réseaux terroristes et de leurs projets de nouvelles attaques".

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